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Le Blog de Thierry ROUFFIGNAT Un blog pour partager mes textes libres

...A l'occasion de ma promesse d'oblature, 30 Octobre 2016, Abbaye Saint Martin de Ligugé

Thierry ROUFFIGNAT

Que puis-je vous dire ce matin ???...

Un grand merci à tous, à chacun, à chacune !

Vous ne pouvez imaginer ma joie et mon émotion de vous voir tous ici réunis en cette matinée.

Je ne peux vous remercier individuellement en cet instant, mais vous êtes là ! c’est l’essentiel et cela me touche profondément.

Que vous soyez venus directement d’Angleterre, de Paris, de Poitiers, de Verteuil ou d’ailleurs, je suis fier de vous !

Je dois tout de même citer trois personnes :

Père Joël : un jour, Père Joël, vous m’avez introduit à votre Supérieur avec ces mots : « Thierry, tel un oiseau migrateur, il revient au nid ». Oui, vous aviez trouvé les mots justes : Ligugé, le Monastère, les Frères… le seul lieu où je me sente bien, où je suis moi.

Merci de votre accueil, de vos conseils, de votre sollicitude et, à travers vous, je salue toute la Communauté.

 

Karine et Olivier : ma sœur, mon beau-frère, mes piliers, mes amours ! Merci.

 

Maman : Oui, merci Maman. Je suis convaincu que tu es heureuse dans ton éternité. Le vide de ton absence te rend encore plus présente en cet instant. Sans ton amour et l’éducation reçue de toi, je ne serais sans doute pas là. Merci.

 

La liste des mercis pourrait être très longue, mais je ne veux choquer personne. De toute manière, le plus important, le plus beau merci que je doive formuler, c’est celui-ci : merci Seigneur ! Oui, merci Seigneur de ne m’avoir jamais abandonné !

 

A des degrés différents, vous connaissez tous mon histoire : 4 évènements majeurs !

 

A 3 ans, mon père s’est volatilisé sans plus jamais donner signe de vie ! Des histoires d’adultes, soi-disant, mais qui laissent des traces…

A 10 ans, mon beau-père décède la veille de la naissance de sa propre fille. Suite à cet évènement plus que crucifiant pour elle, ma mère s’est réfugiée dans le Christ et dans son Eglise, entraînant avec elle ses deux enfants.

C’est à cette époque-là que j’ai commencé à m’investir dans la vie de ma paroisse ; le prêtre est venu me proposer d’intégrer un groupe d’animation pour jeunes. Puis, plus tard, je me suis beaucoup investi dans le diocèse d’Angoulême ; trop, beaucoup trop ; allant jusqu’à l’activisme inutile et l’oubli de moi-même.

Parallèlement, j’ai suivi les sessions du Service des Vocations au Séminaire de Bordeaux. Je me revois, un jour, disant à une amie qui est avec nous par la pensée aujourd’hui, : « un jour, je serai prêtre ! » C’était dans l’église d’Aizecq, celle de Saint Pierre Aumaître, à deux pas de Verteuil… Prêtre, je voulais être prêtre ! Pour cela, il fallait tout quitter : ce fût impossible ! Il y avait mes aspirations profondes et il y avait ma personnalité propre avec laquelle je refusais de composer…jusqu’à ce que j’en étouffe !

A 34 ans, j’étouffe tellement que je ne veux plus vivre. Les détails sont inutiles, l’essentiel est de savoir qu’un homme me sauve grâce à son pouvoir, sa foi, son énergie. Il s’appelait Henri. Cet Henri-là, beaucoup d’entre vous l’ont connu aux belles heures de la gloire confolentaise. Mais son Saint Patron savez-vous qui il est ? Saint Henri est l’un des Patrons des Oblats Bénédictins avec Sainte Françoise, Sainte Scholastique et, bien évidemment, Saint Benoît !

 

Dernière date capitale : 11 juillet 2015.Infarctus. Arrêt cardiaque. Le Big-Bang pour moi.

Il est plus que temps de redresser la barre, de changer de conduite ; c’est une lutte de chaque instant pour « s’acheter » une nouvelle conduite. Les conséquences de cet accident sont là, bien présentes aujourd’hui ; elles le seront demain, elles le seront toujours. J’ai été laminé par cet accident, mais je suis là, debout, sans canne, grâce à Dieu, grâce aussi à votre présence à mes côtés ; mais aussi, j’en suis persuadé : grâce à Saint Benoît : le 11 juillet, nous le fêtons !...

 

Si j’énumère ces évènements, c’est pour que vous compreniez mieux ma démarche d’aujourd’hui.

Car ce qui s’est révélé progressivement, très progressivement, c’est que j’appartiens au Christ. Depuis le jour de mon baptême, je Lui appartiens comme nous Lui appartenons tous : qui que nous soyons, quoi que nous fassions ! Le Christ a toujours été là, présent ! Lorsque j’étais abattu, Il m’a relevé. Lorsque je me suis éloigné, Il est resté discret, mais Il était là. Il est patient, Il ne s’impose jamais. Pour sourire un peu et pour ceux qui connaissent ma vie verteuillaise, j’ai envie de le comparer à ma voisine : je la jette par la porte, elle revient par la fenêtre…A la grande différence que, Lui, ne s’impose jamais. Il attend. Et un jour, il y a le grand signe. Celui contre lequel vous ne pouvez plus lutter ; la Vérité, la Vraie s’impose à vous.

Si mon cœur a accepté de repartir après une 1h30 de réanimation, il doit bien y avoir une raison. Depuis, chaque jour qui passe, je comprends davantage cette raison. C’est vrai que lorsque je vais mal, lorsque je n’en peux plus d’être dépendant de tout le monde, de vous tous, quand je réalise à quel point je suis blessé dans mon corps, j’interpelle Dieu en criant vers Lui : « mais enfin, pourquoi cela n’a pas été la véritable fin ? »

Cela n’a pas été la fin parce que le Christ a beaucoup plus souffert que tout cela ; parce que, tout simplement, Il me tient par la main depuis longtemps ! Depuis toujours ! Progressivement, Il me montre le chemin : le premier lieu où j’ai voulu aller en sortant de l’hôpital, c’est ici, Ligugé ! Ligugé que j’avais connu étudiant. J’aurais pu choisir d’autres lieux, d’autres monastères, comme Belloc que j’aime tant ! Non, ne me demandez pas pourquoi : c’était ici et pas ailleurs ! Le Christ, Lui qui est « Le Chemin, la Vérité et la Vie », c’est Lui seul qui m’a mené ici. Et comme Il a bien fait ! Oui, ici, je suis heureux. Ce monastère est le seul endroit où je sois capable de dire : « ici, paix et sérénité m’envahissent ». Qui plus est, je sais désormais que j’y ai des Frères qui me portent. Chaque fois que je viens puiser ici, je grandis et je m’abandonne davantage au Christ. Certains d’entre vous, parait-il, ont noté des changements en moi. Ils n’ont pas tort. Je me laisse dépouiller tranquillement, les choses se font naturellement sans qu’il m’en coûte. Ce qui me semblait indispensable, essentiel, disparaît sans que je m’en rende compte. Je veux m’offrir le plus humblement possible au Christ et Lui accorder la plus grande part.

 

 

Riche de mon passé, fort de mes erreurs, je désire ardemment que mon oblature « porte des fruits ». J’en touche déjà du doigt un ou deux…petit clin d’œil à mon ami psychanalyste !...

En cet instant, j’ai une pensée émue pour tous ceux qui m’ont façonné : mes nombreux amis prêtres et… mon professeur d’anglais ; Car enfin, si tout cela n’avait pas été écrit depuis bien longtemps, trouveriez-vous une explication au sens de mes études ??? je suis allé à l’Université pour étudier la littérature anglaise. Combien de fois ai-je pensé que j’avais fait une profonde erreur ! Pourquoi la littérature anglaise, et non l’espagnole, l’allemande ou que sais-je encore ?... parce que vous êtes là, mes chers amis anglais, ce matin ! mais aussi parce que cette grande dame que je viens de citer me faisait très souvent de très belles leçons de catéchisme ; autour d’une tasse de thé, nous commentions le « Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique »…

 

Pour conclure, je tiens à vous dire que je porterai fièrement et constamment ma médaille de Saint Benoît comme un signe, un signe d’appartenance qui interpelle.

L’Eglise du Christ est en souffrance ; Elle a besoin de nouveaux serviteurs ; Elle a besoin de signes ! Elle a aussi besoin que nous n’ayons plus honte d’être et de dire qui nous sommes. Souvenons-nous de Saint Jean-Paul II et de la « Fille Aînée de l’Eglise ». Qu’a-t-elle fait des promesses de son baptême cette fille ? si ce n’est se cacher, vivre en recluse, parfois se laisser envahir quitte à se renier ! Non, je ne suis pas en train de me « radicaliser » ! ou si je le fais, c’est en donnant d’autres acceptions à ce mot que nous entendons trop fréquemment ces derniers mois ! Néanmoins, je prie et je prierai beaucoup pour que l’Eglise et l’Histoire donnent raison au courageux, au très courageux Pape François.

Etre oblat n’est ni un honneur ni un privilège. C’est une offrande à Dieu pour construire un monde meilleur où seules les valeurs évangéliques ont cours ; toutes les autres valeurs, quelles qu’elles soient, sont sans valeur.

Etre oblat, c’est accepter de se jeter dans les bras infiniment miséricordieux de Notre Seigneur et d’y entraîner tous ceux qui croisent notre route.

Que ce Dieu, Père Aimant, qui n’abandonne jamais aucun de ses enfants vous bénisse et, s’Il ne l’a pas déjà fait, qu’Il se révèle un jour ou l’autre à vous, comme Il l’a fait pour moi ! En attendant, sachez que je vous porte tous dans mon cœur et dans ma prière et que je vous souhaite vraiment d’être heureux dans l’aujourd’hui de votre vie. En retour, s’il vous plait, priez pour que je ne défaille jamais à ma promesse.

 

Bonne journée à Ligugé !

 

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