Mon Big Bang à moi

Mon Big Bang à moi….

Un infarctus, qu’est-ce que c’est ? Sur le plan médical, nous le savons tous ; mais dans notre vie de tous les jours, qu’est-ce-que c’est ?

Lors de ma dernière consultation mon médecin me disait : « tu sais, Thierry, un infarctus, c’est souvent une révélation » ; une révélation ! Sans doute, mais bien plus encore !

Un infarctus, c’est le Big Bang !!!! Oui, croyez-en mon expérience personnelle, c’est le Big Bang !

Je suis fatigué de rencontrer chaque jour quelqu’un qui me demande « comment ça va ? », la plupart du temps, ce n’est qu’une hypocrite question de politesse : si vous répondez à l’autre que « ça ne va pas », il part en courant !

Oui, je considère que mon infarctus du 11 juillet dernier, c’est le Big Bang dans ma vie !

Tout ce que je pouvais faire avant, je le faisais sans me poser de question. Même si j’étais fatigué, je continuais à avancer comme un âne ! J’avais mal partout, j’étais essoufflé, je ne pouvais plus me lever le matin….j’avançais malgré tout ! J’avançais jusqu’au jour où mon cœur a dit stop ! Il n’a pas fait que le dire, il l’a fait : il s’est arrêté !!!....et il est reparti en me disant : « ok, mon gars, c’est un peu trop tôt, mais maintenant, fais gaffe ! »

Il n’avait pas besoin de me le dire : chaque jour qui passe me le rappelle ! Je ne peux plus grimper les trois étages de ma maison ; je ne peux plus déplacer un meuble tout seul ; je ne peux plus porter un pack d’eau au supermarché ; je ne peux plus sortir le soir…..la liste des « je ne peux plus » est longue et non exhaustive ! Mais, ce n’est pas grave : je suis en vie et c’est bien là l’essentiel !

Finalement, ce n’est pas si mal que ça de commencer sa journée par une heure de marche ! Ce n’est pas si mal que ça d’aller faire son marché pour soigner son alimentation ! Ce n’est pas si mal que ça d’être finalement bien dans son corps ! Car, son corps, après un tel accident, on le bichonne ! Non pas que l’on a peur que cela recommence : il faudra bien partir un jour pour retrouver ceux qui nous ont précédés au Royaume ! Mais, nous avons encore tellement de choses à faire ici-bas ! Maintenant, je mesure combien la vie est précieuse, combien elle est fragile : elle est aussi fragile que précieuse et quand on dit qu’elle ne tient qu’à un fil, on ne mesure pas ce que l’on dit ! Mais la vie est belle et il faut savoir en savourer chaque instant.

Pour pouvoir en savourer chaque instant, il faut être soi.

Pour être soi, il faut se débarrasser de toutes les toxines qui polluent notre existence.

Evidemment, à l’hôpital, on ne vous laisse pas le temps de réfléchir : « arrêt immédiat de la cigarette ! » sans doute le pire de tous les esclavages. On n’éprouve plus aucun plaisir à fumer une cigarette, mais on n’est heureux que lorsque nos doigts empestent cette odeur plus envoûtante que le parfum porté par la plus belle créature. Malgré tout, on a tellement eu peur que l’on arrête et que l’on se trouve pas si mal sans cette garce, mais comme c’est une garce, elle revient souvent vous faire un clin d’œil pour vous entraîner à nouveau dans cette dépendance. C’est une lutte quotidienne…

La cigarette est la toxine la plus évidente à éliminer ; il y en a d’autres tout aussi importantes dont on apprend à se débarrasser très vite : toutes les personnes qui vous entraînent vers le bas, qui passent leur temps à « commérer » parce qu’elles n’ont rien d’intéressant à faire de leurs dix doigts, toutes les personnes qui sont pleines de « bonnes intentions pour vous » alors qu’au fond d’elles, ce n’est que pure hypocrisie !!!

En huit mois, je pense avoir éliminé ces personnes toxiques ; je sais bien que le « nouveau Thierry » ne leur plait pas, qu’elles parlent dans mon dos : je m’en fiche et m’en contre-fiche ; j’honorerai mes « dettes » pour celles envers qui j’ai une « dette », mais toutes peuvent bien filer leur chemin : elles ne m’intéressent plus.

Peu à peu, je remplace ces personnes par des personnes que je choisis, on ne rentre plus dans ma vie sans « montrer patte blanche » !

Peut-être me trouvez-vous orgueilleux ? Ce n’est pas grave, seul le jugement de Dieu je crains ; seul Lui a droit au chapitre dans ma vie car ma vie lui appartient à Lui et elle m’appartient à Moi.

Lui et Moi, nous partageons tout maintenant !

Il y a longtemps qu’Il voulait que cela soit ainsi, qu’Il passait son temps à me le souffler à l’oreille ! Plus patient que Lui, ça n’existe pas ! Plus doux que Lui, ça n’existe pas ! Alors, oui, chaque matin désormais, je Le remercie d’être encore en vie et je Lui demande, dans l’abandon et le dénuement le plus total, de bien vouloir continuer à faire route avec Moi.

Trop longtemps, je L’ai blessé, je n’ai plus le droit même si j’en ai encore la liberté, de continuer à avancer oisivement sans Lui accorder toute la place qu’Il mérite dans ma vie.

« Lui et Moi, c’est à la Vie, à la Mort », j’en suis maintenant bien convaincu ! Alors, il n’y a plus de place pour qui voudrait venir polluer mon espace vital. C’est clair, je ne me reconnais pas. Ce qui était important ne l’est plus, ce qui m’angoissait n’existe plus…advienne que pourra, mais je vis chaque instant dans la main de Dieu sans penser à ce que l’on va penser de moi. C’est un chemin exigeant, mais c’est un chemin vrai, donc, c’est un chemin heureux ! Malgré toute la souffrance générée par cet infarctus et cet arrêt cardiaque, ma vie, aujourd’hui, est ma vie ; pas celle que d’autres ont rêvé pour moi.

Le Big Bang était nécessaire, je le vis comme une grâce qui m’a sauvé !

Th.R

13/03/16